Vous pouvez composer de belles mélodies, bien mixer et masteriser parfaitement vos musiques, mais si la voix que vous ajoutez n’est pas parfaite, cela peut gâcher tout le reste !
L’attention de l’auditeur reste focus sur la voix durant toute l’écoute de votre titre. C’est l’élément sur lequel vous ne pouvez pas échouer. Et tant que vous ne l’aurez pas bien maitrisé, vous n’aurez jamais un rendu professionnel. Enregistrer et mixer des voix ne doit pas forcément être difficile… Il faut juste de la rigueur et de la méthodologie !
Pour produire de bon vocals, il y a une phase d’enregistrement et une phase de mixage.
Alors que la phase d’enregistrement est la partie artistique, le mixage fait partie de la technique.
Dans cet article, nous allons rester concis, sans perdre notre temps et nous veillerons à ce que vous disposiez de toutes les informations essentielles dont vous avez besoin pour enregistrer et mixer votre voix.
1) Avoir un.e bon.ne chanteur.euse et choisir la bonne voix pour votre morceau
Cela peut paraître évident, mais avoir un.e artiste qui a un timbre de voix adapté à votre style de musique et qui chante juste est la base pour avoir un rendu professionnel, d’autant plus que ça vous facilitera beaucoup la tâche lors de la phase de mixage. Pensez également à faire attention à son accent : lors du comité d’écoute de notre Talent Pool, nous avons déjà eu des membres du jury qui n’était pas intéressé.e.s par une musique parce que l’accent du chanteur.euse n’était pas bon. Selon vos objectifs et vos cibles, l’accent du chanteur ou de la chanteuse doit être pris en compte.
2) Avoir le bon matériel d’enregistrement pour les voix
Beaucoup de personnes pensent que vous achetez un micro, vous le branchez, et puis c’est tout. Si seulement l’enregistrement en studio était si simple…
Au minimum, vous avez besoin de :
- Un microphone dynamique ou à condensateur de bonne qualité
- Un préamplificateur possiblement doté d’une alimentation fantôme
- Une interface d’enregistrement avec des convertisseurs analogiques-numériques de qualité
- Un logiciel de production musical (DAW) pour enregistrer les voix.
Les budgets sont de nos jours très raisonnables pour obtenir cet équipement, et il existe des « packs » avec de très bon rapports qualité/prix pour débuter.
Vous avez donc ce qu’il vous faut pour enregistrer. Maintenant, vous devez contrôler ce que vous enregistrez.
3) Isoler la voix
Avoir accès au bon équipement vous apportera beaucoup de qualité dans votre enregistrement, mais ça ne fait pas tout. Vous aurez au moins besoin d’un traitement acoustique ou d’un outil semblable à celui illustré ci-dessous:
L’idée est de transformer une pièce entière en cabine vocale ou de créer un système portable permettant d’isoler la source brute (votre voix) des réflexions qui rebondissent sur les murs. C’est absolument essentiel pour créer un enregistrement clair de votre voix. Dans le cas contraire, vous obtiendrez un résultat qui semblera terni et confus en raison des retards et d’autres anomalies acoustiques qui se produisent dans une pièce fermée et qui présentent des pics et des baisses étranges dans son étendue de fréquences.
Je dois également suggérer que vous isoliez votre voix de votre souffle. Ce que je veux dire, c’est que lorsque vous expirez en chantant ou en rappant, vous respirez beaucoup d’air que le micro peut enregistrer. La particularité que vous souhaitez éviter est de ramasser des plosives (les b et les p).
Une des solutions pour éviter les problèmes de plosives consiste à enregistrer hors axe, ce qui signifie que vous devriez diriger votre voix juste vers la gauche ou vers la droite du microphone plutôt que directement vers elle. La deuxième défense contre ce problème est un filtre anti-pop. Ces filtres anti-pop font exactement ce qu’ils disent : ils filtrent les sons dans votre respiration lorsque vous chantez en dissipant et en diffusant l’impact du puissant souffle d’air.
Enfin, faites en sorte que le micro ne capte pas la musique provenant de votre casque d’écoute pendant l’enregistrement. Il est très important de vous procurer des écouteurs fermés destinés aux studios d’enregistrement.
La solution réside dans le fait que les doux coussins isolent le son de manière à ce qu’il n’atteigne que votre oreille et non le microphone. De plus, les oreillettes sont fermées et de construction solide. Les casques ouverts sont aussi utilisés en studio pour le mixage notemment, mais ils sont vraiment inadaptés pour l’enregistrement, du fait que le micro capte alors énormément la musique en plus de la voix de l’artiste.
Vous avez maintenant les clés en main pour enregistrer avec la meilleure qualité possible votre voix isolée, mais il vous reste encore à savoir comment.
4) Le gain staging – rapport entre la sortie de votre voix enregistrée et l’entrée du signal
C’est là que beaucoup de gens échouent. Il est facile de commencer à tordre les boutons du préampli et de l’interface jusqu’à ce que cela sonne bien dans l’ordinateur. Il est tout aussi facile de gâcher votre gain staging. La question est donc : « Qu’est-ce que le gain staging et comment le faire correctement? »
Le gain est le rapport entre la sortie d’un signal, dans ce cas votre voix enregistrée, et l’entrée du signal. C’est un peu comme un bouton de volume, sauf qu’il y a une plage maximale et minimale avant que votre qualité ne pique du nez et cette plage existe à chaque étape de l’enregistrement, de votre micro au préampli en passant par les convertisseurs. Vous devez réussir à chaque étape pour obtenir un enregistrement de qualité professionnelle.
Le concept de base consiste à utiliser pleinement chaque « bit » disponible dans votre ordinateur sans le pousser trop loin. C’est comme les pixels sur votre télé ou votre écran d’ordinateur.
Quelques conseils pour enregister votre voix avec un gain correct :
Enregistrer avec un volume de voix trop faible veux dire qu’il vous faudra augmenter le volume de votre piste après l’enregistrement, ce qui peut amener à une baisse de qualité de prise de voix. En comparaison, c’est comme si vous sauvegardiez une image très petite et que vous l’affichiez ensuite sur un téléviseur d’un mètre de largeur : ça paraîtra extrêmement flou et pixelisé. Mais si vous sauvegardez une image en grande taille (comme votre voix à volume correct), vous n’aurez pas besoin de l’étirer ( d’augmenter le volume de votre piste voix) plus tard.
La configuration du gain est très simple. Dans votre logiciel d’enregistrement, qu’il s’agisse de Garage Band ou de Pro Tools, vous devez surveiller le niveau du signal que vous envoyez :
- Tout d’abord, placez le gain principal sur l’interface à 0 dB. Vous ne devez pas augmenter ni baisser le gain à partir de là.
- Si vous chantez à un volume confortable et que le signal est trop fort (frappant dans le rouge et créant des crêtes dans votre logiciel) ou pas assez fort, ajustez uniquement le gain sur le canal de préampli (carte son) que vous utilisez.
- Ajustez le gain jusqu’à ce que votre volume moyen se situe autour de -18 dB. Vous en passerez au dessus et en dessous, mais la plupart du temps, vous arriverez à -18dB. Si votre volume moyen se situe à 0 dB, ça veut dire que vous poussez votre carte son 18dB trop haut. Enregistrer numériquement à -18 dB équivaut à enregistrer une analogique à 0 dB.
Maintenant, vous enregistrez avec la meilleure qualité vocale possible. Maintenant, il ne s’agit pas de savoir comment vous enregistrez, mais de ce que vous enregistrez. Permettez-moi de vous expliquer …
5) Toujours enregistrer un signal dry lors de vos prises voix
La compression est le seul effet qui affecte votre signal avant que le signal n’atteigne votre ordinateur. Si vous n’avez pas besoin de compresser avant, alors ne le faites pas. Cependant, certains chanteurs et chanteuses sont indiscipliné.e.s, se rapprochent de plus en plus du micro ou jouent un rôle extrêmement dynamique naturellement. Vous aurez peut-être besoin de compression pour les empêcher d’écrêter ou au pire d’un limiteur. Quelque chose d’aussi léger qu’un ratio 2: 1 devrait aider énormément cependant.
Enregistrez toujours votre voix complètement dry et ajoutez des effets lors de la phase de mixage.
La raison pour laquelle vous souhaitez enregistrer un signal non traité, sans aucun effet basé sur le temps comme la réverbération et le delay, est que ça vous permettra de garder vos options grandes ouvertes lorsque vous commencez à mixer.
Si vous enregistrez avec un effet sur la piste, vous réduisez grandement vos options de mixage. En effet, si vous appliquez une compression par exemple, vous compressez également la réverbération et le delay, si vous enregistrez votre voix avec une reverb vous ne pouvez pas choisir une reverb différente, etc…
6) Utiliser les effets de talkback et de casque
L’objectif du chanteur ou de la chanteuse est de donner la meilleure performance possible. Votre objectif en tant qu’ingénieur.e de studio est de vous assurer que le chanteur ou la chanteuse a ce dont il.elle a besoin pour donner la meilleure performance.
Je vous ai dit d’enregistrer un signal non traité, mais cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas écouter un signal non traité pendant l’enregistrement.
L’endroit le plus confortable pour chanter est sous la douche. Les gens se laissent aller et se sentent bien. La raison vient de la réverbération. Vous êtes dans une douche carrelée, dans une petite pièce avec un carrelage ou une surface dure et un grand miroir, etc… Tout est dur et les surfaces planes font résonner votre voix dans tous les sens. Vous vous retrouvez avec une grosse réverbération luxuriante qui masque les détails précis de votre voix.
Vous ne paraissez peut-être pas génial pour votre voisin, mais vous n’entendez pas les petits détails qui vous rendent conscient de vous-même et vous vous sentez comme si vous donniez une performance digne d’un concert. Aidez votre chanteur.se à ressentir cela et appliquez une reverb sur leur voix dans leur casque. Ça fera vraiment la différence.
La deuxième chose que vous pouvez configurer est un système de talkback. La plupart des DAW rendent ça assez facile à faire. Tout ce dont vous avez besoin est un bon microphone bon marché à installer sur votre bureau pour parler au chanteur. Il sera en sourdine jusqu’à ce que vous mainteniez un raccourci clavier enfoncé, puis vous pourrez parler directement au chanteur sans que celui-ci ait à entrer dans la salle de mixage ou même à retirer ses écouteurs. C’est un peu comme un moniteur pour bébé. Il existe également des systèmes de talkback matériels, mais pour le moment ce n’est pas nécessaire du tout.
Ce système de conversation est très utile car il maintient l’environnement du chanteur/de la chanteuse stable et l’aide à rester concentré.e, sans perdre de temps entre chaques prises.
Que vous utilisiez une solution matérielle ou logicielle pour déclencher la possibilité de répondre au chanteur/à la chanteuse, il vous faudra un pied de micro de bureau. Le must, c’est un pied solide et petit, suffisamment lourd pour ne pas basculer. Vous ne déplacerez pas le micro afin que ce ne soit pas une préoccupation majeure.
7) Enregistrez plus de prises principales de voix que nécessaire
Au cours du processus d’enregistrement, vous n’aurez pas le temps d’analyser chaque prise. La meilleure approche pour gérer cette situation est de sauvegarder toutes les prises voix précédentes : lorsque la performance du chanteur/de la chanteuse est à son comble, enregistrez la version réussie, puis enregistrez quelques passages supplémentaires une fois que la pression est descendue, car le chanteur/la chanteuse a le sentiment qu’il.elle a déjà une assez bonne performance dans le sac.
Si votre première version est mauvaise ou est détruite, vous avez une deuxième option de secours et cela ne vous a coûté que du temps. En fin de compte, si vous en avez besoin par la suite, cela vous fait gagner du temps.
8) Enregistrez les harmonies et les accents
Même si vous n’êtes pas sûr.e de les utiliser, enregistrez des harmonies et des phrases d’accent. Vous allez vous créer des options pour le processus de mixage. L’interprète vous dira peut-être qu’il.elle souhaite une véritable performance intime, sans doublons ni lignes d’harmonie. Dites-leur « d’accord, mais soyons prudents et enregistrons-les quand même. » Vous ne savez jamais quand la chanson pourra être réarrangée et avoir une montée en puissance à la fin, et c’est là que vos prises qui n’étaient pas prévues à la base vous seront utiles. Ainsi, si l’imprévu se produit plus tard, ne vous inquiétez pas, ces prises imprévues vous permettront de créer des remixs, des spots télévisés, des spots radio, etc…
9) Créer la prise composite parfaite
Nous allons parler de la piste de chant principale, mais faites-le également pour les harmonies et les accents si vous comptez les utiliser. Sinon, conservez-les pour plus tard au cas où. C’est la raison pour laquelle toutes ces prises ont été sauvegardées…
L’exemple ci-dessus provient directement de la documentation de Logic Pro. Toutes ces versions supplémentaires de la prise principale que vous avez enregistrées vous permettent désormais de choisir des phrases spécifiques dans chacune d’entre elles pour créer la performance parfaite. Votre meilleure prise est géniale à 80%, mais vous savez que l’artiste aurait pu mieux chanter. Heureusement, vous l’avez fait sur d’autres prises et vous les avez sauvegardées.
Créer une prise composite, c’est comme être à l’épicerie et essayer d’acheter une douzaine d’œufs. Vous ouvrez la boîte et constatez que l’un d’entre eux est cassé. Vous le remplacez donc par un oeuf provenant d’une boîte intacte, créant ainsi une boîte parfaite d’une douzaine d’oeufs.
La plupart des DAW ont en la plupart du temps la possibilité d’empiler les pistes les unes sous les autres, puis de transformer cette piste pour créer une une piste parfaite. La majorité feront même un fondu enchaîné pour vous afin que tout semble lisse.
Dans l’image ci-dessus, vous choisissez des bouts de chaque prise et Logic Pro choisi un code couleur pour chaque prise, ce qui vous permet de visualiser la provenance de chaque élément de la prise composite. Vous pouvez ensuite créer une « version parfaite » si vous le souhaitez ou simplement la laisser comme une prise composite si votre ordinateur peut le gérer une fois que vous avez commencé à ajouter des effets.
Et c’est la raison pour laquelle vous n’entendez jamais une performance en direct aussi réussie que l’enregistrement en studio. Parce que la version studio est à tous points de vue plus grande que nature.
10) Automation et noise gate
Vous l’avez fait ! Vous êtes maintenant prêt.e à mixer. Vous avez enregistré et créé la prise vocale la plus parfaite que vous n’obtiendrez jamais. Mais ça ne ressemble toujours pas à votre album préféré. Pas de panique, c’est justement le but du mixage. Il est temps de polir et de tailler ce diamant.
La première chose que vous allez faire avant d’ajouter des effets spatiaux temporels est de nettoyer l’aspect dynamique de vos enregistrements. La dynamique fait référence à l’amplitude, ce qui fait référence au volume. Vous devez équilibrer les niveaux de ces prises.
Vous remarquerez que, même si la performance est magistralement terminée, certaines parties sont plus calmes ou plus fortes que d’autres. C’est ici que l’automatisation du volume devient pratique.
Votre objectif ici est d’essayer de calculer la moyenne du volume dans l’ensemble de la prise. La raison est que vous voulez envoyer de la cohérence à vos bus d’effets. « Mais n’est-ce pas ce que la compression est sensée faire? » Si vous ne le faites pas avant d’envoyer la piste au compresseur, vous allez écraser complètement certaines sections, en touchant à peine les autres. Ne soyez pas paresseux!
À ce stade, vous pouvez également diminuer le volume des respirations, créer un silence au début et à la fin de la prise, etc. Vous pouvez vraiment y entrer avec un scalpel très fin, si vous le souhaitez. Ou vous pouvez simplement déclencher un noise gate et gagner beaucoup de temps. Vous devrez peut-être revenir en arrière même après le noise gate pour des problèmes ou des bruits particuliers, mais en général, cela réglera les problèmes pour vous.
Un noise gate est un type de compresseur. Il fonctionne sur cette logique:
« Si le volume du signal est inférieur à X décibels, diminuez-le de X décibels (ou désactivez-le complètement). »
Vous devrez trouver le bon seuil (threshold) afin de ne pas couper les extrémités de la voix de votre chanteur et régler la sortie sur la bonne valeur. Vous devrez choisir une attaque rapide, pour que le noise gate s’active au seuil indiqué instantanément.
11) Concevoir le paysage sonore avec la panoramique lors du mixage audio
Maintenant que vous disposez de la prise parfaite avec une réduction du bruit et que tout le reste est reproduit à des niveaux cohérents, vous pouvez aller de l’avant et préparer le terrain pour votre paysage sonore.
Nous ne sommes plus au monde de l’enregistrement monophonique (bien que certaines stations de radio le soient). Non seulement nous traitons en enregistrement et en lecture stéréo, mais le son surround est de plus en plus répandu. Même en stéréo, vous avez une zone étendue, même abstraite, à remplir avec le son. La largeur est géniale pour un auditeur, alors préparez-vous à commencer à exploiter la panoramique.
Laissez toujours votre prise de voix principale directement vers le milieu, sans panoramique.
Bien sûr, vous entendrez quelques musiques des Beatles et Beach Boys dans lesquelles les mixeurs panaient comme des fous, mais c’est parce que les conventions n’avaient pas encore été définies et que la stéréo était encore nouvelle. Tout comme votre basse et votre grosse caisse, laissez toujours votre voix principale au centre. Il y a cent raisons à cela: l’écoute hors axe, la sur-utilisation d’un haut-parleur, etc. C’est à peu près une règle pour tout enregistrement et mixage professionnel.
Généralement, les instruments d’accompagnement peuvent être placés très larges, très à gauche et à droite. Explorez la largeur entre 45 et 60 degrés (c’est le maximum) et voyez ce qui vous convient. Vous aurez envie d’avoir des instruments d’accompagnement un peu plus silencieux que le le chant lead. Ne laissez jamais rien empêcher l’auditeur d’entendre clairement votre voix principale.
Pour les harmonies, vous voudrez généralement les garder assez rapprochées du chant principal ou vous risquez d’en perdre l’aspect harmonique. Parfois, il est bon de laisser un peu de distance entre eux (assez peu), alors n’hésitez pas à expérimenter. Pour les phrases d’accent et les ad-libs de rap, restez proches de la voix lead également. La panoramique extrême tout au long de la chanson peut sembler cool, mais vous perdez la possibilité de mettre l’accent sur le refrain de cette façon si vous le faites tout le temps. Vous n’êtes pas enfermé dans un seul scénario pour toute la chanson. Basculez-le entre couplet et refrain pour donner à votre auditeur un bonbon à écouter.
Le dernier point à mentionner est que vous ne devriez pas vous embrouiller avec ça et laisser votre voix dévorer tout le champ stéréo. Gardez de la place pour l’instrumentation. Planifiez à l’avance et ayez une sorte d’image en tête pour le produit final.
12) La phase d’équalisation (EQ) pendant le mixage
C’est là que vous créez la clarté. Le problème est que c’est la voix de la même personne, même si ce sont des notes différentes selon les octaves et quelle que soit la distance à laquelle vous les déplacez. Vous aurez une collision de fréquences et vous devez résoudre ce problème en découpant des « poches » dans le spectre de fréquences pour que chaque élément de la performance vocale domine.
Ne vous méprenez pas, toutes les fréquences de tous les instruments se superposeront. Regardez l’image ci-dessous pour un exemple de la manière dont les instruments dominent mais partagent des plages de fréquences.
La règle d’égalisation de votre voix principale est qu’il ne faut jamais la compromettre pour quelque chose d’autre. L’aspect sonore le plus important de chaque chanson vocale est le chant principal. Chaque fois, il ne faut pas se poser de questions. C’est ce que l’oreille humaine verrouille et veut entendre.
Cela ne signifie pas que vous n’effectuerez aucune correction sur votre prise principale, car vous le ferez à coup sûr. Vous ne ferez par exemple pas de grosse coupure pour mieux entendre la guitare, mais vous taillerez la guitare pour mieux entendre la voix principale.
Rappelez-vous, vous ne devriez jamais mixer vos voix en mode solo (autrement dis en mettant sur « mute » toutes les autres pistes).
Tout ce que je dis dans cette section est relatif au reste de votre mixage, et aucun mixage n’est identique. Il n’y a pas de règles strictes. Veuillez ajuster les valeurs à votre propre morceau et à vos propres goûts.
Le roll-off des basses fréquences :
La seule chose dont vous pouvez être sûr pour la plupart des mixages, à moins que ce soit un duo vocal, un piano ou guitare voix, est que vous allez utiliser les basses fréquences. Vos voix ne sont peut-être pas très visibles dans les régions des basses et des sub-basses du spectre de fréquences, mais il y a du volume dans toutes vos prises vocales et toutes vos pistes d’instrument. Et tout cela contribue à créer un ensemble qui sonne brouillon.
Vous pouvez utiliser un filtre passe-haut (ou coupe bas) si vous souhaitez une coupure stricte ou utiliser votre égaliseur paramétrique pour créer un abaissement progressif. À votre place je m’habituerais à entendre de subtils changements avec l’égaliseur paramétrique. Un seuil strict est souvent perceptible et trop sévère.
Il s’agit d’un égaliseur paramétrique qui affiche l’ensemble du spectre des fréquences audibles pour les humains, le plus faible à gauche. Vous voyez comment la ligne blanche « composite » (la combinaison de tous vos réglages d’égalisation) s’enroule doucement du côté gauche de la basse? C’est un roll-off. Vous constaterez que vous aurez envie de baisser un peu plus agressivement en démarrant autour de 125 Hz environ pour éventuellement atteindre le silence de 40-60 Hz. Jouez avec ces valeurs mais c’est un bon point de départ. En fonction de votre basse et de votre grosse caisse, vous pouvez pousser tout ça plus haut.
Une fois que vous avez fait cela pour l’ensemble de vos voix et d’autres instruments, vous constaterez que les choses sont immédiatement beaucoup plus claires dans votre mix, en particulier pour la grosse caisse (kick) et la basse.
Repérer les fréquences nocives :
La bonne façon de trouver des fréquences problématiques qui surgissent dans votre prise de voix est de prendre un nœud dans votre égaliseur paramétrique et de créer un pic mince mais radical de 10 à 15 dB et de le balayer de droite à gauche dans le spectre. Vous entendrez des étrangetés dans votre mixage complet et vous pourrez trouver la contribution de votre voix à ce problème dans cette méthode.
Une fois que vous les avez trouvées, vous voudrez les enlever, mais ne les coupez jamais aussi grossièrement que vous avez été boostés, c’était juste pour les repérer. La méthode réelle pour réduire ces fréquences devrait consister en de petites coupes de 3 à 6 décibels avec une courbe Q un peu plus large. La règle est de stimuler large et couper peu ou les choses vont commencer à sembler étrange et inhumaines.
Voici une directive générale que vous pouvez suivre pour trouver ces zones problématiques :
- 100 Hz – 300 Hz: Trop peu : perte de corps, trop : enlève la clarté
- 200 Hz – 500 Hz: on se sent juste bien, trop sonne étouffé
- 250 Hz – 750 Hz: Trop de sons brouillons
- 600 Hz – 1,1 kHz: trop de sons peuvent sonner klaxon & nasillard
- 1 kHz – 3 kHz: l’intelligibilité se cache ici
- 3 kHz – 6 kHz: présence
- 5 kHz – 8 kHz: sifflement
- 9 kHz – 15 kHz: scintillant / cristallin
- 10 kHz – 20 kHz: air / respiration
Rappelez-vous que cela changera en fonction de la gamme vocale et des octaves dans lesquelles le chanteur travaille. Surtout avec le genre. C’est pourquoi il y a de telles étendues à fouiller pour chasser les mauvaises fréquences.
Une bonne astuce pour garder la voix principale devant le mix est de lui donner un petit coup de pouce dans la bonne zone de présence et dans la zone d’intelligibilité. Puis réduisez plus finement dans les mêmes plages de fréquence les instruments concurrents ou les voix de secours en fonction du panoramique.
Nous pourrions en parler toute la journée, mais rien ne remplace le temps que vous passez à écouter et à jouer avec ces fréquences. Lancez vous simplement avec vos meilleurs égaliseurs de studio et faites ce qui sonne bien.
Commencez toujours par la voix en solo pour créer une voix qui sonne bien. Accédez ensuite au mix complet et créez un espace dans le spectre de fréquence pour cette « bonne » voix.
Toutes les prises de voix secondaires :
En général, quand on parle de doubles complets, d’harmonies, de phrases d’accent, etc, vous pouvez les traiter plus sévèrement. Coupez-les finement où vous augmentez la voix principale. Éloignez-les, ils sont là pour soutenir le fil, pas pour briller.
Abaissez les basses fréquences plus agressivement et ainsi que les hautes fréquences sur les voix secondaires. Vous pouvez également supprimer le haut de gamme de fréquence afin de ne pas surcharger votre mix. L’astuce consiste à réduire la présence globale de ces pistes par rapport à la voix lead dans le mixage tout en leur donnant la priorité par rapport au reste de l’instrumentation.
Une façon de vous aider dans cette entreprise est de les compresser de manière agressive. En parlant de compression …
13) Les compressions lors du mixage de vos morceaux
Vous êtes vraiment proche des voix de qualité professionnelle, mais il manque quelque chose. En effet, l’industrie et les auditeurs préfèrent actuellement très peu de dynamique vocale (ou musicale en général). Ce qui vous manque, c’est la compression.
Nous avons attendu jusqu’à maintenant car lorsque vous augmentez et diminuez avec l’égaliseur, vous modifiez légèrement le volume de votre enregistrement. Votre objectif est de contrôler la dynamique afin que vous fassiez toutes vos modifications de volume avant la compression. Vous allez rétablir la cohérence dont nous avons parlé avant d’alimenter le signal en effets spatiaux.
Ce processus comportera deux ou trois étapes, qui dépendront totalement du genre de musique avec lequel vous travaillez, de la voix du chanteur et du choix de la compression parallèle.
Compression générale :
Tout d’abord, vous souhaiterez toujours atteindre le bon niveau de compression. Il n’y a pas d’autre moyen de vous guider à travers cet exercice pour moi que de vous dire de trouver les mixages que vous aimez dans le genre que vous mixez pour avoir une idée de la mesure dans laquelle vous devez écraser la voix. C’est ce que fait la compression.
La compression définit un seuil (threshold), puis toute partie de la voix dépassant ce seuil est écrasée par le ratio (rapport) que vous choisissez. La vitesse à laquelle cet écrasement commence s’appelle l’attaque, et vous pouvez lui dire d’arrêter immédiatement l’écrasement ou de continuer pendant un certain temps en utilisant le release.
Ce sont vos quatre paramètres. Certains compresseurs vous permettent de changer le « knee », mais tout dépend en grande partie de l’algorithme de compression utilisé. Certains plugins ont même différents algorithmes parmi lesquels choisir, émulant d’anciens compresseurs matériels. Ils font tous le travail.
Pour les débutants, il est difficile de se tromper en mettant l’attaque et le release les plus rapides possibles. Cela vous oblige à simplement ajuster le seuil et le ratio. À ce stade, vous devez expérimenter. Dans le monde d’aujourd’hui, n’ayez pas peur de pousser votre ratio jusqu’à 5: 1 ou même 10: 1 pour des genres comme le rap, le rock et la pop. En prenant comme exemple un rapport 5: 1, l’explication rapide est que pour chaque tranche de 5 dB dépassant le seuil choisi, 1 dB seulement est obtenu. Il réduit le volume de ce rapport. Donc, si 10 dB dépasse le seuil, seuls 2 dB en sortiront.
Vous baissez les parties fortes afin qu’elles soient plus proches des parties les plus silencieuses. Cela augmente considérablement la capacité de comprendre ce qui est dit et de le faire entendre clairement. Vous pouvez voir pourquoi il est important de faire l’égalisation d’abord, de sorte que les mauvaises fréquences ne deviennent pas de plus en plus bruyantes.
De-esser :
C’est à moitié de l’égalisation et à moitié de la compression. Un plugin de-esser est en réalité un égaliseur paramétrique enchaîné à un compresseur.
Le son désagréable de sifflement se produit lorsque le microphone capte des pulsations d’air dans les hautes fréquences lorsque certaines syllabes sont parlées. Vous savez comment parfois, à chaque fois qu’un son « S » sort, il devient extrêmement puissant? C’est ce dont se débarrasse un De »S »er.
Ce qu’un De-Esser va vous aider à faire c’est balayer un puissant coup de pouce autour de la plage de sifflante jusqu’à ce que vous trouviez plus les fréquences problématiques. Ensuite, et uniquement si ces fréquences dépassent un seuil que vous avez défini, leur volume sera diminué du montant que vous aurez choisi. Cela n’affecte que les S perçants au lieu de les supprimer avec un EQ sur toute la prise.
Tu n’auras pas toujours à faire ça. Plusieurs fois, avec le bon chanteur, le bon micro, la bonne distance d’enregistrement et le bon angle d’enregistrement, vous ne rencontrerez jamais ce problème. Mais si vous le faites, un de-esser est votre ami.
Compression parallèle :
La compression parallèle est une technique avancée qui vous permet de faire deux choses : maintenir la dynamique tout en la contrôlant, et envoyer une version plus dynamique de la voix au bus d’effets.
Vous n’utiliserez pas cette technique dans beaucoup de genres aujourd’hui. Mais il existe des genres tels que le classique, la folk, l’acoustique et tout ce qui est plus raffiné, où la dynamique joue toujours un rôle important dans la performance. La tâche n’est pas aisée… vous voulez que la performance soit comprise et stable tout en permettant au chanteur et aux autres instruments de s’exprimer par le biais de manipulations dynamiques, comme gratter plus fort, frapper plus fort les touches, etc…
La solution est la compression parallèle. En gros, vous envoyez deux versions de votre enregistrement dans deux compresseurs distincts et vous n’en compressez qu’une seule et gardez l’autre assez brutalement dynamique. Ensuite, vous recombinez les deux, ce qui sert à augmenter le volume des parties calmes tout en permettant aux parties les plus fortes d’exister en fluctuation. Vous pouvez toujours compresser certaines prises, mais ne les écrasez pas complètement comme un enregistrement pop.
La deuxième raison est que vous pouvez écraser complètement la prise principale qui apparaîtra dans le mix tout en envoyant une version plus naturelle au bus d’effets. Cela signifie que vos reverbs réagiront en fonction de la performance naturelle sans affecter l’intelligibilité. Ici, vous impliquez habilement la dynamique dans les effets sans qu’ils existent dans la prise principale. C’est un truc assez astucieux pour certains genres.
14) Effets temporels : réverbération, delay et écho
Il n’y a pas grand chose à dire pour décrire ces différents effets. Si vous ne connaissez pas la différence entre une réverbération, un délai et un écho, ouvrez un plugin pour chacun et découvrez, vous comprendrez rapidement.
Je ne peux pas vous suggérer comment les appliquer. Tout est basé sur vos choix artistiques et votre mix. Mais ce que je peux faire, c’est vous donner deux conseils pour les utiliser. La première astuce consiste à placer ces effets sur des bus distincts les uns des autres et de vos prises principales. Il n’y a aucune raison de les appliquer aux canaux de mixage de vos prises principales. Non seulement il est plus difficile de contrôler leur volume de cette façon, mais vous allez geler votre logiciel lorsque votre processeur tente de calculer un million d’effets.
La bonne façon de le faire est de créer un bus, qui est un canal de mixage supplémentaire qui existe uniquement pour regrouper les canaux principaux et gérer les effets. Une fois que vous avez un bus , vous pouvez créer un envoi à partir de vos canaux principaux.
Ce qui se passe, c’est que votre canal de mixage normal que vous avez corrigé et égalisé est toujours dirigé vers la sortie principale. Vous ne le changez pas du tout. Mais ce que vous faites, c’est créer un duplicata de post-effets et l’envoyer vers un autre canal auxiliaire appelé le bus.
Il y a une raison à cela qui ne se limite pas à ne pas trop taxer votre processeur. Supposons que vous trouviez la réverbération parfaite que vous souhaitez appliquer à chaque instrument de votre chanson. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne dans la réalité. Si vous avez 10 réverbes à la fois, vous allez avoir un désordre. Si vous enregistrez un groupe de 5 musiciens dans une église et souhaitez capturer la réverbération de la pièce, vous devez configurer un microphone ambiant et le faire dans un seul microphone. Il n’y a qu’une seule reverb dans la vraie vie. La réverbération est un produit de l’espace acoustique, pas de l’instrument.
Vous devez donc créer un bus de réverbération principal et y envoyer tous les instruments. Avec un envoi, vous pouvez régler le volume de « quelle quantité » de la piste originale que vous enregistrez sur le bus, puis régler le volume principal de l’envoi lui-même à l’aide du fader. Ce qui est encore mieux, c’est que vous pouvez alors égaliser le bus lui-même.
Ma recommandation sur un bus de réverbération est de configurer un égaliseur dessus et d’effectuer un gros roll-off sur les graves et les hauts de la plage de fréquences, puis de refaire les mêmes coupes que pour faire de la place pour les voix principales. Appliquez une coupe à 700 Hz pour le bas, et 5 kHz pour les hautes fréquences. Vous n’en croirez pas la différence. Vous aurez toujours une clarté cristalline dans votre mix avec une réverbération luxuriante. Cela ne doit pas être un compromis.
Vous pouvez configurer autant de bus que vous le souhaitez pour les delay, les échos, les flangers et tout ce que vous choisissez d’utiliser.
15) CORRECTION DE LA HAUTEUR (PITCH CORRECTION)
Enfin, un conseil supplémentaire pouvant être appliqué à tout moment après l’enregistrement consiste à appliquer une correction de la hauteur à vos voix. Vous pouvez allumer autotune et ajuster ses paramètres, mais je ne recommande pas pour tous les genres musicaux. Vous feriez bien mieux d’utiliser un logiciel comme Melodyne qui vous permet d’intervenir sur chaque note et d’appliquer une correction uniquement en cas de besoin.
Bien sûr, avec autotune, vous pouvez automatiser le moment et l’endroit où il se déclenche, mais avec Melodyne, vous éditez les prises de manière destructive (ce qui est bien dans ce cas car vous sauvegardez les originaux quand même). Vous ne dépendez pas de l’algorithme d’autotune pour un rendu correct.
Les plug-ins ne créent pas toujours le même produit final à chaque rendu et modifier le ton de votre voix principale n’est pas une étape où vous voulez prendre des risques.
Une fois vos morceaux terminés, pour faire la promotion de votre musique nous vous recommandons de passer par Groover, une plateforme qui vous permet de contacter les meilleurs labels, médias, radios et pros de l'industrie musicale avec une garantie de réponse sous 7 jours.